chapitre 3: le sauvetage.

 

            La frontière de Toroc était bien gardée, les gardes étaient bien entrainés, et ils étaient aux aguets. Impossible de passer par les moyens traditionnels, il n’y avait pas un seul endroit pour se cacher. Dans ce genre de cas, il y a deux solutions. Premièrement, s’enfuir. Deuxièmement, celui que Lurendal avait adopté.

Les gardes faisaient leurs rondes autour des différents feux qu’ils avaient allumés. Tout se passait bien, jusqu’au moment où ils virent un jeune homme, tout habillé de noir. Les gardes se mirent en alerte. Chaque groupe fixait l’horizon pour voir si une armée le suivait, ou tout autre intrus qui ne devait pas être là. Ne voyant rien, ils partirent à la rencontre de cet intrus qui avait l’audace de venir devant eux, armés et sans aucune crainte. L’intrus se déplaçait avec lenteur comme si la menace de garde allant à sa rencontre ne signifiait rien pour lui. L’étranger n’avait aucune peur, c’est comme si il se promenait dans les bois, et cela déconcerter les gardes. Surtout qu’on leur avait dit qu’un dangereux mercenaire allait venir pour faire une guerre totale à leur pays.

Les gardes furent sur lui en moins de deux minutes, ils l’encerclèrent de façon à lui couper toute retraite. Lurendal souriait intérieurement, la force d’interception  était insuffisante pour le retenir mais il ne fit aucun geste pour provoquer l’ire des gardes. Dans son plan, les gardes avaient un rôle à jouer. Donc pour le moment il devait s’empêcher de faire des choses fâcheuses. Il leva les mains en signe de reddition.

Le garde en face de lui, lui donna un coup de lance dans le ventre ce qui le fit se plier en deux, le souffle coupé.

« Que fais-tu ici, sale chien de mercenaire ?

-Je voyage, me rendant là où le vent me guide, je suis là que pour traverser vos terres. Je ne suis pas là pour une mission. Donc vous n’avez pas le droit de me retenir, tel est la Loi des Mercenaires.

-Me fais pas la moral et ne me parle pas de la grande Loi des tiens… Nous savons que tu es ici pour une mission et nous avons ordre de t’arrêter. Tu n’es pas très futé, en même temps faut pas trop en demander à une bête de ton espèce.

-Vous savez donc que je devais venir ?

-Oui, quelqu’un de bon pour notre royaume nous a avertis. Le pire c’est que d’après la source tu l’as laissé continuer son rôle sans en douter une seule seconde qu’il était à la botte de notre royaume. »

Un signe chez le mercenaire fit reculer le garde qui venait de parler. Ses yeux avaient changé de couleur, ils étaient devenus jaunes. Mais ce fut tellement rapide que le garde pensa à une hallucination. Il se reprit et le frappa au visage cette fois pour faire bonne mesure devant ses collègues. Il avait frappé trop fort car les lèvres du jeune homme se mirent à saigner.

« Vous dites que j’ai laissé le traitre en liberté… Bah on ne peut pas tout savoir, l’erreur est humaine.

-Sauf que toi tu n’es plus humain, n’est-ce pas gamin ? »

Lurendal ne put s’empêcher d’avoir une moue de mépris sur son visage, le garde le prit mal et allait le refrapper de nouveau. Mais il revit de nouveau les yeux jaunes et l’empêcha de finir son mouvement, il laissa tomber son bras.

« Je vois donc vous saviez que j’allais venir, donc qu’attendez-vous pour m’arrêter, je suis seul face à six hommes. Faites votre devoir qu’on en finisse. »

On lui mit des menottes à ses poignées et on le poussa vers le royaume de Toroc.

Le plan ne se déroulait pas comme convenu, les gardes ne devaient pas savoir pour sa mission. Mais bon cela lui facilitait le travail, car son plan constituait à se faire arrêter par les gardes. Le problème c’est qu’il allait se faire torturer, il s’était fait prendre pendant une mission et voilà le prix à payer. 

Il devait se préparer mentalement, rester conscient durant sa séance de torture, pour empêcher une catastrophe de se produire. Un long soupir s’échappa de la bouche du mercenaire, il y avait déjà une difficulté dès le début d’une mission qui s’annonçait déjà hautement difficile.

*

                                                                      *       *

La salle de torture était sombre, même le feu dans l’âtre ne perçait pas cette noirceur, l’humidité dans l’air avait permis au champignon de se développer sur les murs, et si on laissait un homme couvert de blessure dans cette salle, cela provoquerait des infections.

Tout dans cette salle était dirigé pour la torture de la personne. Si bien que les instruments, que l’air vicié.

Et pour le moment, Lurendal était seul dans cette pièce, nu, mains attachées sur une chaine de fer accroché au plafond. Cela l’empêcher de respirer confortablement, et aussi le risque de disloquer ses épaules. C’était l’une des positions les plus inconfortables qu’affectionnaient les tortionnaires.

C’est à ce moment-là que rentra le tortionnaire, une cagoule cachant son visage pour garder un anonymat et surtout pour influencer la peur de l’inconnu chez le patient. Sa tenue lui permettait de faire couler le sang de sa victime tout en étant protégé des éclaboussures.  Le tortionnaire fit le tour de la pièce, prenant de temps en temps un de ses outils de travail pour vérifier son tranchant sur son doigt. Satisfait de ses outils, il regarda enfin son prisonnier. Il le regardait de façon professionnelle, cherchant un point faible à utiliser, pour le faire plier.